Nos Jubilaires 2020
FÊTE DES JUBILAIRES
Homélie de Mgr Guy Charbonneau, p.m.é.
Laval, vendredi le 2 octobre 2020
Actes 2, 42-47
Luc 10, 1-12
L'évangile que nous venons de lire est un résumé du modèle missionnaire que nous offre Jésus selon saint Luc. À la suite des 72 disciples, nous avons été choisis par Jésus et envoyés aux nations par notre Église d'origine, grâce à notre famille missionnaire, la Société des Missions-Étrangères du Québec. C'est une grâce de Dieu que nous n'avons pas méritée. Jésus a envoyé ses disciples deux par deux: nous avons rejoint nos prédécesseurs déjà sur place, qui nous ont accueillis chaleureusement. Et tout au long de notre activité missionnaire, nous avons été appuyés par la SMÉ. Les disciples ont été envoyés en avant de Jésus, pour lui préparer le terrain; quant à nous, nous avons aussi découvert que Jésus était déjà présent chez ces peuples, à travers leurs attentes et leurs valeurs, à travers leur culture et leur religiosité populaire.
Nous les missionnaires, nous sommes des hommes et des femmes d'action. Mais curieusement, en envoyant ses disciples, Jésus leur demande d'être des hommes et des femmes de prière. "Priez donc le maître de la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson". Je crois que l'Esprit Saint nous a joué un bon tour. Nous l'avons prié longtemps pour qu'il continue à y avoir des vocations sacerdotales missionnaires au Canada. Mais l'Esprit a décidé de susciter des vocations missionnaires de laïques au Canada, et de prêtres et de laïques dans les pays où nous travaillons et également dans d'autres pays. Au milieu de cette pandémie que je passe à la Maison centrale, je découvre davantage l'importance de la prière et de l'Eucharistie pour tous les confrères d'ici et pour moi, et je ne doute pas que ça se passe ainsi pour ceux et celles qui sont ailleurs dans le monde.
Jésus nous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Dans notre vie missionnaire nous faisons face à de nombreux défis. Certains viennent des bouleversements de la nature: tsunamis, ouragans, tremblements de terre, inondations, sécheresses prolongées, etc. D'autres viennent de l'être humain, créé pour aimer, mais séduit par l'égoïsme et l'orgueil: gouvernements corrompus, coups d'État, régimes militaires, avec comme conséquence des souffrances inimaginables pour les populations les plus vulnérables. Nous sommes appelés à vivre les implications sociales de l'évangélisation. Je cite ici notre Projet de Vie: "Ce service de l'Évangile aux pauvres et aux faibles nous amène à travailler avec eux dans la ligne d'une promotion humaine intégrale" (PV 20).
Jésus nous a demandé de ne pas porter bourse, ni sac, ni sandales. Bien sûr, nos gens et nos communautés ont bénéficié de la générosité de nos bienfaiteurs. Cela a occupé une place dans notre ministère, dans les projets que nous avons mis en place et dans notre accompagnement des gens. Mais ce qui est le plus important, c'est d'avoir témoigné de notre expérience personnelle du Christ. Et certainement nous avons reçu plus des gens que ce que nous leur avons donné, car c'est en se donnant que l'on reçoit.
Jésus nous invite à apporter la paix aux gens que nous rencontrons. Nous avons été accueillis par les gens chez eux et nous avons tissé des liens fraternels avec eux. Ils ne se souviendront pas de tout ce que nous leur avons enseigné. Mais ils se rappelleront que, quand nous visitions les communautés, nous mangions la nourriture qu'ils nous offraient de bon coeur et nous faisions la sieste dans le hamac qui était au beau milieu de la pièce.
Jésus ajoute: "Guérissez les malades". Comme Jésus, notre participation à la mission nous invite à guérir les plaies d'une humanité blessée, à prendre soin de nos frères et soeurs souffrants dans leur corps ou leur esprit, de ceux qui sont appauvris, exploités et dépouillés de leurs droits essentiels. Aussi comme prêtres, nous avons travaillé à la réconciliation des gens avec Dieu et avec le prochain, grâce au sacrement du pardon et au sacrement des malades.
"Le règne de Dieu s'est approché de vous". À l'exemple de Jésus, nous voulons contribuer à l'édification d'un monde plus humain et plus fraternel qui annonce la plénitude à venir du Règne de Dieu (cf. Projet de Vie 5). Jésus le faisait en parlant le langage de son peuple. Notre première action missionnaire a été d'apprendre une nouvelle langue; certains d'entre nous ont dû le faire pendant au moins deux ans. De plus, nous avons appris les expressions typiques des gens, pour que l'Évangile leur soit davantage accessible et qu'ils expérimentent le Christ comme le Seigneur de leur vie.
En ce qui concerne les douze jubilaires, notre vocation missionnaire s'exerce dans le cadre du sacerdoce ministériel. Nous tâchons de bâtir des communautés chrétiennes sur les quatre piliers que nous présente le livre des Actes des Apôtres dans la première lecture que nous avons entendue. L'enseignement des apôtres: ça me rappelle les nombreuses sessions de formation que nous donnons à nos agents de pastorale. La communion fraternelle, ça me fait penser aux efforts que nous faisons pour rassembler les gens, pour construire l'unité et la réconciliation dans l'Église et dans la société civile. La fraction du pain me rappelle l'importance de l'Eucharistie comme source et sommet de notre vie chrétienne et comme aliment spirituel quotidien. La prière me fait penser aux fois où nous avons initié des gens à la prière, ou lorsque nous avons animé des retraites spirituelles.
"Tout est grâce": nous pouvons certainement faire nôtre cette phrase de notre patronne, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus. Dans les beaux moments de notre vie sacerdotale et missionnaire, la grâce de Dieu s'est manifestée en nous et par nous. Dans les moments les plus difficiles, nous n'avons jamais été abandonnés par Dieu: nos crises ont été des occasions de croissance spirituelle.
Dans cette Eucharistie rendons grâce au Seigneur pour le don de notre vocation sacerdotale et de notre vocation missionnaire, avec l'esprit de la Vierge Marie, qui a réalisé totalement le projet de Dieu sur elle (cf. Projet de Vie, 86).