Vers l'éveil à l'écologie...

Par Eloy Roy, pmé

L'ÉCOLOGIE est une science, un art, une manière d'être qui concerne nos rapports avec la Nature en général, et avec notre environnement en particulier. Elle fait partie de nous-mêmes, elle fait partie de notre respiration et de notre être
De même qu'un poisson ne vit pas en-dehors de l'eau et que c'est lorsqu'il  est sorti de l'eau que les problèmes commencent, nous, les humains, nous ne pouvons pas vivre en-dehors de notre environnement.
Si nous vivons comme des étrangers par rapport à notre environnement, c'est alors que plus rien ne va: nous sommes déconnectés (aliénés)... non seulement de la Nature, mais aussi de nous-mêmes.
 
Creusons notre appartenance à l'environnement; reconnaissons  ce qui nous lie à la nature, valorisons-le, "conscientisons"-le, renouons nos liens avec la Nature et nous verrons que la crise environnementale que nous vivons actuellement sur la planète n'est pas d'abord une série de catastrophes toutes aussi effrayantes les unes que les autres, mais plutôt une grande chance. C'est, pour nous et pour l'humanité, l'occasion de remettre à l'eau le poisson en nous  qui n'est pas encore mort.
 
 
1- À la maison
 
Dans mon cas à moi, comme dans celui de tout le monde, je suppose, tout a commencé à la maison. Ma mère adorait les plantes et elle  a passé sa vie à tailler du neuf dans du vieux pour habiller les pauvres. Mon père, lui, qui ne savait pas faire autre chose que travailler, ne gaspillait pas un brin de foin.
 
2- Exploration du monde autour de la maison
 
Encore enfant, j'ai commencé à explorer l'univers autour de la maison. Je  m'enfonçais sur la pointe des pieds dans le sombre boisé au bout de la ferme. Je remontais et descendais le ruisseau qui traversait nos champs, lui découvrant chaque fois des nouveautés. Je m'aventurais sur les terres des voisins comme sur des continents étrangers; je grimpais sur deux rochers imposants qui trônaient sur un coteau et me donnaient des frissons. À chaque saison, je  me faisais un chemin à travers les broussailles pour me rendre à ma chute bien-aimée de la petite rivière Plante; en été, je me baignais dans son  bassin bouillonnant et je rêvassais sur les pépites d'or qui avaient déjà été découvertes en cet endroit mystérieux. J'aimais aussi aller me saucer  dans les eaux pas toujours claires  de la Chaudière; je m'essayais parfois à la pêche, mais sans passion ni trop de succès. Je vivais proche des animaux: le chien, les chats,  les vaches, les chevaux, les moutons, les poules et les cochons. Près des oiseaux aussi, des lièvres et des insectes, dont les mouches et les maringouins que je n'aimais pas. Près aussi des bêtes qu'on ne voyait jamais mais qui peuplaient mon imaginaire, parmi elles: les castors,  les chevreuils, les renards, les ours, les phoques et les baleines. Le soir, au mois d'août, la bouche bée, je regardais le ciel noir percé de milliards d'étoiles: je  ne connaissais rien d'elles sauf que quelques-unes d'entre elles formaient la petite et la grande Ourse,  et que l'une d'elles était l'étoile polaire.
 
Et j'en passe: il y avait le jardinage, la cueillette des petits fruits,  les pommes, les conserves, (surtout les confitures...). Il y avait aussi les foins, les battages, le ramassage de roches,  les boucheries, les lavages que je détestais de toute mon âme, ainsi que l'épandage de fumier...
 
 
3- Études
 
Puis vint le temps du collège. À travers les dédales du latin, du grec, de l'histoire, de la littérature et de la religion j'ai été initié à la Chimie et à la Physique. Ces deux matières me laissaient plutôt froid. Ce n'est que plus tard que j'ai découvert par moi-même (car aucun prof ne m'avait fait prendre conscience de la chose) que:
- les sciences, en réalité, étaient la porte par laquelle je commençais à effleurer quelques secrets intimes de quoi? De la Nature!
- que la Nature, en fait, était la SOURCE des découvertes scientifiques les plus étonnantes;
- que les grands développements de la médecine, de l'industrie, etc. viennent de la Nature; 
- qu'en-dehors de la Nature, il n'y avait pas de progrès!
 
C'est tout récemment seulement que je commence à réaliser que la Nature n'est pas une vieille chose, mais qu'elle est ce qu'il y a de plus moderne. Elle n'est pas que du passé, mais elle est le présent et c'est en elle qu'est déjà l'avenir.  
 
(Je crois que les jeunes générations voient davantage les choses de cette façon; c'est sans doute une des raisons pour lesquelles nous ne nous entendons pas toujours bien).
 
Pendant quelques étés j'ai travaillé dans des colonies de vacances et j'ai fait du scoutisme. Ces expériences m'ont permis de jouir à mon aise des beautés de la nature et de les chanter à cœur joie dans toutes nos randonnées,  et nos belles soirées autour du feu.   Comme bien d'autres, j'ai dévoré toute la collection des romans scouts  (Signes de piste), et des romans médiévaux de cape et d'épée avec une fascination particulière pour les héros lâchés dans la nature sauvage comme Robin des Bois, Robinson Crusoe, Michel Strogoff...
 
J'ai découvert la mer dans mes échappées vers les plages d'Old Orchard Beach, dans le Maine, et dans mes tournées sur le pouce en Gaspésie, dans les Maritimes et lors d'une route à pied aux Îles-de-la-Madeleine réalisée avec le Clan Jacques Buteux de Trois-Rivières.
 
 
Et maintenant, je saute à mes années de séminariste à Pont-Viau.
 
 
 
4- Teilhard de Chardin
 
Bien que, pendant mes années de formation au sacerdoce, Teilhard était proscrit par les hautes instances de l'Église, ce bon savant jésuite a réussi, à travers les branches, à se bûcher un chemin vers ma conscience et à m'ouvrir un tant soit peu à une vision de la réalité dans laquelle
- la Nature et la Spiritualité étaient loin de se repousser.
-La Matière et l'Esprit, le Multiple et le Singulier, l'Humain et le Divin, le corps et l'âme, le Blanc et le Noir, le Pur et l'Impur, le Nous et les Autres, la Terre et le Cosmos, cessaient de s'ignorer ou de se faire la guerre.
-Tout cela s'intégrait bellement et harmonieusement dans le grand "Christ cosmique", qui est l' Alpha et l'Omega de l'Univers et de l'Histoire.
-Tout était vivant, tout était en croissance, tout était en évolution, tout était un long Passage du non-être à l'Être, soit une Pâque toujours en marche de la Croix à la Résurrection.
 
Je trouvais là enfin un sens à tout, en particulier à la religion, cette bonne religion qui, d'un côté, ne manquait pas de me fasciner, mais de l'autre, m'obligeait de plus en plus à procéder à bien des "mises à jour" dans ma façon de penser ma vie, et d'envisager la mission qui allait s'ouvrir devant moi .
 
De Teilhard, je saute à mon expérience au Honduras, en Argentine, et en Chine.
 
5- Au Honduras
 
En arrivant au Honduras,  mon premier choc culturel ce fut de réaliser que dans ce pays tous les arbres n'étaient pas des palmiers, mais qu'il y avait des pins ordinaires comme il y en a au Québec...
Je ne tarde pas à découvrir également que:
-la chaleur n'est pas nécessairement synonyme de bonheur ( la malaria, les zancudos, les amibes)...
- que les montagnes si romantiques sur les cartes postales sont souvent des défis très éprouvants.
Je découvre en même temps qu'elles servent de refuge à des centaines de milliers de petites gens chassées des terres plus basses, plus proches de la mer. Au cours de l'histoire, elles ont fui vers la montagne parce que ces terres d'en bas,  plus accessibles et autrement plus fertiles, leur ont été volées à la pointe du fusil par des aventuriers sans scrupules (presque toujours issus ou proches de l'armée) pour les besoins de pâturage de leur bétail, ou pour leur spéculation financière.
Je découvre aussi les mules qui n'ont rien à voir avec ces bêtes qu'on a l'habitude de ridiculiser; au contraire, elle sont des merveilles de la nature; absolument imbattables à cause de leur pied extrêmement sûr sur le fil des montagnes et le bord des précipices. Admirables pour leur endurance et leur courage. Des merveilles de Dieu que  l'auteur de Job aurait pu joindre au crocodile et à l'hippopotame dont il fait une description si élogieuse dans les dernières pages de son livre...
 
Je fais connaissance avec des arbres fabuleux: le matapalo, le guanacaste, le caoba, la ceiba... Et  avec cet arbre dur comme le fer dans lequel il est impossible de planter un clou; c'est de ces arbres que sont faites les colonnes de la plupart des églises du pays.
Je découvre les splendides zébus blanc,  bœufs pleins de sérénité et de majesté qui tirent les chariots,
les chevrettes enjouées qui grimpent dans les arbres,..
les garrobos (iguanes)...
 
À Cedeño, au bord du Pacifique, je fais ma première rencontre avec un volcan. Les volcans m'ont toujours attiré. Or celui-là, le Cosigüina est un volcan du Nicaragua à la sortie sud du golfe de Fonseca. En 1835, il a été décapité par une des plus violentes éruptions de l'histoire, ramenant son altitude de 2 300 mètres avant l'éruption à seulement 872 mètres.
Le Cosigüina,  n'a donc pas de cône. De loin, on ne le voit pas. Il n'en reste qu'un immense cratère de 2 km de diamètre avec un lac en son fond. Mais ce  volcan a déjà été extrêmement féroce. L'éruption du 22 janvier 1835 a fait voler sa montagne en éclats, dont des rochers forment aujourd'hui des îlots au large de la côte. Tout en cachant la lumière du soleil dans un rayon de 150 km, des cendres de ce volcan sont retombées sur les villes de Mexico et de Caracas, à plus de 1400 km de distance.

https://vianica.com/sp/atractivo/52/volcan-cosiguina
 
Toute l'Amérique Centrale, excepté le Honduras,  est un chapelet de volcans. Les volcans de la région de Chinandega au Nicaragua sont d'une beauté incomparable. Je salue mes amis, les volcans du El Salvador: le San Miguel, l'Izalco (noir, raide, puissant et épeurant), et le grand Santa Ana. Un "abrazo" au seigneurial Tajumulco, à l'Atitlán du Guatemala, aux deux majestueux volcans frères d'Antigua Guatemala: le volcan de Feu et le volcan d'Eau qui sont de pures merveilles trônant au milieu d'un climat de paradis.
Vers 1966, au Costa Rica, j'étais en visite chez le "patriarche" de la capitale, Renaldo Pol, QEPD. Entre deux éruptions volcaniques du volcan Irazú (qui se produisaient à toutes les 45 minutes avec une ponctualité anglaise), je m'aventure, au plus grand désespoir de ce cher Pol,  jusqu'au cratère chauffé à blanc de l'Irazú....J'en garde encore un souvenir tout chaud, ineffaçable. impérissable. Dans un bref instant, j'ai eu un semblant d'aperçu du ventre de la Terre et de quelques fulgurances du morceau de soleil qu'elle porte en elle. Je ne crois pas que Moïse au buisson ardent ait joui plus que moi debout devant l'incandescence de l'Irazu. ...
- À propos du Honduras, je m'en voudrais de ne pas mentionner l'extraordinaire aventure  de Jean-Louis Nadeau et Normand Landreville dans la région vierge du Patuca:
 
Sur cette aventure, voir en français:
http://todoelmundovaalcielofrancais.blogspot.com/2015/10/patuca.html
 
en espagnol:
http://todoelmundovaalcielo.blogspot.com/2015/11/patuca.html
 
- J'ajoute encore ceci au sujet du Honduras:
 
- Au Honduras, depuis les années 70, s'est engagée dans le pays une lutte héroïque pour sauver la forêt de bois précieux de la Mosquitia.  Des gens y ont perdu la vie.
 
- Importante lettre pastorale de notre confrère Réal Corriveau, évêque de Choluteca, sur la protection de l'environnement.
 
- Les nombreuses initiatives très concrètes et à haute échelle de la part d'Alejandro Lopez et son Association San José Obrero pour promouvoir une conscience écologique dans la communauté.
 
- En chemin, me sont parvenus ici et là le témoignage admirable des indigènes et militants de l'environnement assassinés au Brésil en raison de leur engagement pour la défense des indigènes et de la forêt amazonienne.
 
-  Au Honduras d'abord, puis en Argentine et en Chine, j'ai goûté aux vertus de la médecine naturelle et j'en ai bénéficié...
 
En 1972, en revenant au Canada par terre et non par avion, j'ai traversé le Mexique et les États-Unis en me rassasiant d'autres merveilles, notamment dans l'ouest américain, en Arizona, en Californie, au Utah...Les canyons (entrailles de la Terre), les parcs époustouflants comme le Yellowstone au Wyoming et sa forêt de geysers, son cratère gigantesque...  Toutes ces merveilles qui ont façonné la planète, ont construit pendant des millions d'années la vie dont nous avons hérité, en brassant et rebrassant la boue première, en remodelant, en défaisant ce qui ne marchait plus et en créant au besoin des formes et des  modèles nouveaux...  
 
6- En Argentine
 
Au Chaco d'abord, j'ai découvert quelques bribes de la fascinante culture des gauchos: un monde fantastique de métis mi-indiens et mi-blancs, dans lequel se confrontent la nature et la civilisation, la liberté et l'esclavage. Dans cette dualité se renferme tout le mystère de l'être argentin, à la fois si chaleureux et si introverti. Dualité qui  va s'accentuer plus tard avec l'arrivée massive d'immigrants de l'Europe de l'Est et, en particulier, de grandes vagues migratoires en provenance de l'Italie. Ce qui est typiquement gaucho, cependant, comme le poncho,  l'asado, le mate, le malambo, le cuir, les vaches, les chevaux, une poésie et une sagesse savoureuses, ainsi qu'une musique traditionnelle à la fois très gamine et très grave, est ce qui fait que l'Argentine reste encore affectivement liée à la nature et à l'environnement. C'est cela qui explique pourquoi on tombe facilement en amour avec elle,  et que là où on aille, on se sente toujours chez soi. .
 
Du Chaco, je passe à Tilcara, chez le peuple Kolla, un peuple indigène apparenté aux Incas, qui voue à la Mère-Terre (la Pachamama) un véritable culte d'amour. Contrairement à une pratique missionnaire invétérée qui s'était acharnée à vouloir déraciner ce culte jugé idolâtrique, j'ai contribué à  lui redonner son sens profond et à le revaloriser. Au milieu d'un rituel ancestral dans lequel, une fois par année, les gens donnent à manger à la Terre afin de la remercier de la vie qu'elle leur prodigue, j'ai célébré l'Eucharistie à quelques reprises. Mon but était de faire prendre conscience que  le Pain et le Vin utilisés pour célébrer un Dieu qui, en se faisant chair, habite de sa Présence toute notre humanité, est un Dieu qui avec amour "se marie" aussi à la Terre elle-même (pour employer les termes mêmes du prophète Isaïe), car de la Terre et du Souffle de Dieu nous sommes nés, et de la Terre naissent aussi le Pain et le Vin  et toute nourriture qui nous maintiennent en vie. Il n'y a pas d'homme ni de femme sans la Terre.  Sans la Terre, il n'y a pas de vie, pas de Jésus-Christ, pas de Bonne Nouvelle, pas de Royaume de Dieu parmi nous! Je partais de ce lien qui unissait le peuple kolla à la Terre pour l'amener  à découvrir que cette Mère-Terre n'était pas cette sorte de "divinité sombre" qui pouvait détruire ses enfants et qui ne les épargnait que dans la mesure où ceux-ci lui apportaient les offrandes qu'exigeaient les rituels de la tradition (cigarettes, chicha, alcool, maïs, feuilles de coca,  etc.) .  Je m'efforçais d'introduire dans leur conscience le type de religion que Dieu aimait, d'après ce que la Bible nous dévoile sur le sujet. J'insistais sur le fait que la Terre est avant tout un Don de Dieu, un don fait  à TOUS les humains et non seulement  à quelques-uns, et que rien ne plaisait plus à Dieu que nous partagions ce grand don  entre tous et toutes  dans la justice, l'amour et la paix. Si la Terre est vraiment une Mère, pour elle non plus il n'y a pas de cadeau plus agréable que la fraternité et la solidarité entre ses enfants.  
 
Mon fils adoptif Eduardo Escobar (le père d'Éloy Jr, d'Ezequiel et d'Itatí) est un fantastique animateur de communauté au sens large. Il est en tête de presque toutes les causes qui concernent la beauté, la grandeur, la culture, la promotion sociale et la sauvegarde de l'environnement de Tilcara et de la vaste région qui l'entoure. Entre mille choses, il a  été le cerveau et le leader d'un grand mouvement qui a réussi, au bout d'un long combat, à faire bannir par une loi gouvernementale l'exploration et l'exploitation de l'uranium dans cette région de la Quebrada, inscrite au  patrimoine mondial de l'humanité de l'UNESCO.
 
- Je salue en passant  l'Argentine et le Chili qui, en 2013, ont obligé  la Barrick Gold Corporation, minière canadienne,  la plus grande au monde, à abandonner son énorme projet de Pascual Lama. Tout un exploit!
 
J'ai une relation amoureuse avec les montagnes.... Parmi mes trophées, je n'ai pas d'Everest, pas d'Aconcagua, pas de Kilimanjaro, mais seulement mes humbles montagnes du Honduras et celles quand même assez remarquables de Tilcara, et quelques montagnes sacrées que j'ai gravies en Chine

VOIR SUR MON BLOGUE:
La montagne qui parle

https://todoelmundovaalcielofrancais.blogspot.com/search?q=LA+MONTAGNE+QUI+PARLE
 
 
7- En Chine:  le bouddhisme, bien sûr, mais surtout le taoïsme...
 
- Pour le taoïsme,  les entrailles de la Terre et ses moindres replis ne cessent de parler. À l'humain qui sait la contempler et l'écouter elles révèlent le grand secret de la vie et le mystère de toutes choses. Dans les herbes, dans les fleurs, dans les oiseaux, dans les feuilles, dans tout ce que la Nature nous offre,  se renferment la vie, la santé, la sagesse, l'art, la beauté, et le dépassement jusqu'à l'immortalité. Tout est Yin et Yang. Tout est combat pour grandir et atteindre l'harmonie. Plus on est petit, plus on est grand. Plus on est près de nous-mêmes, plus on est proche du Tout...Tout est TAO. Le TAO est un grand mouvement, une immense Énergie,  qui, depuis le Rien, nous entraîne avec les étoiles et tout ce qui existe, vers le cœur d'une Réalité qui dépasse tout ce l'on voit, et qu'il est impossible de nommer. Une vie réussie, c'est celle qui se laisse emporter librement, en toute conscience et en toute confiance, dans cet immense mouvement cosmique.
 
- Je suis constamment interpellé par les lettres que m'écrivent des enfants très pauvres, bénéficiaires du programme chinois, Hope Project, auquel je contribue. Les lettres de ces enfants traduisent le drame des petites gens de régions éloignées qui réussissent de peine et de misère à s'arracher la vie en raison de l'aridité des sols et le fléau des sécheresses et des inondations.
 
-Les inondations en Chine causent des dégâts immenses chaque année et beaucoup de morts. Une des raisons: la Révolution qui a modernisé le pays ignorait,  tout comme nous,  le rôle et l'importance des milieux humides pour le contrôle naturel des cours d'eau. La Chine a bouché des lacs presque entiers pour donner de la terre aux paysans. Des millions de personnes en furent ravies, mais ça n'a pas duré... Il faudrait évacuer tout ce monde-là et restituer ces lieux à la nature. Je suis sûr que la Chine va le faire tôt ou tard.
 
- Le fameux smog dans les grandes villes chinoises...
- La fermeture en Chine de milliers d'usines polluantes,
 
- Je me suis aventuré très loin, jusque sur les bords du désert de Gobi, pour voir de mes propres yeux les efforts que fait la Chine pour se sauver de la désertification. Elle s'est mis en tête de construire une seconde "Grande Muraille", non avec des pierres ou des briques, mais avec des arbres. Elle l'a baptisée: «la Grande Muraille verte», une immense barrière d'arbres à travers les déserts pour essayer d'enrayer l'avancée des sables.  Je voulais à tout prix voir quelque chose de cette entreprise colossale, même si le projet naissait à peine. J'ai pu, en effet, en voir les premiers balbutiements, mais, sans le savoir, je m'étais avancé dans un territoire stratégique strictement interdit à tout le monde, spécialement aux étrangers. Ma visite dura moins de deux jours, car la police m'a chassé des lieux. Plus de 20 ans ont passé. On me raconte que depuis ce temps, ce projet a pris des proportions énormes.
Dernièrement, à la télé, j'ai vu qu'un autre grand projet de reforestation est en marche dans une immense zone désertique du pays (que je ne connais pas et dont je n'ai pas retenu le nom); on dit que  dans quelques années, cette zone va devenir la région forestière la plus vaste de la planète... On est en Chine!!!
 
- J'ai encore vivante en moi la vision grandiose de l'homme et de la femme de Chine qui me paraissent "mariés" à la Terre  et qui ont construit à force de bras les rizières en terrasses qui m'épatent autant que les pyramides d'Égypte.
- Je suis sans mots aussi devant la médecine traditionnelle chinoise, sur  la connaissance très poussée que depuis des milliers d'années ce peuple a accumulée sur les propriétés des plantes et des herbes. Extraordinaires aussi   les plantations de thé et combien d'autres merveilles...
 
- Par les journaux j'ai entendu parler de Monsieur Ma, le vieil homme chinois qui plantait des arbres... Il en aurait planté des centaines de milliers, voire plus d'un million, à lui seul !
 
(Voir mon article dans un numéro de la Revue des M.-É. des années 90:   ÉVANGILE AVEC CARACTÉRISTIQUES CHINOISES).
 
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8- Au Japon
 
Dans une brève saucette dans ce pays, je remarque que des touffes vertes percent ici et là  le béton des villes. Ces touffes vertes sont des temples abrités par de vieux arbres encore pleins de vigueur..Au Japon, comme en Chine, l'humain, le divin et la Nature ne font qu'un.
- Au Japon, on habille les arbres... On les panse... On les soigne...
- Et les fleurs sont divines!
-À Tokyo, je retrouve mon confrère Raymond Nadeau. Il m'invite à une cérémonie du thé,  et il est fier de me montrer qu'il utilise le film d'animation québécois, L'homme qui plantait des arbres de Frédéric Bach, pour initier ses élèves (dont il est l'aumônier) à une spiritualité qui intègre l'écologie (laquelle est déjà de l'essence même du bouddhisme et du shinto).
 
- Les Kami japonais... La nature est si pleine de Dieu que Dieu prend la forme de milliers de petits dieux qui sont présents dans tout ce qui est vivant... (genre)  
 
Au Cambodge et en Thaïlande: on voit partout des petits temples-miniature dédiés aux esprits des terrains sur lesquels sont construits maisons et bâtiments... Tous les jours on offre à ces petits dieux des fruits frais. Une délicatesse qui m'émeut, pour vrai.
 
 
9- La physique quantique... 

Ce que j'en comprends, c'est que la matière est vivante. La Matière, finalement, est Énergie, une énergie condensée... pas si différente de l'énergie telle qu'on la conçoit.
 
- Et puis, il y a Hubert Reeves... homme pétri de nature, donc homme sage et tellement savant que tout ce qui est compliqué devient simple avec lui.   
 
 
10- Notre spiritualité et notre vision du monde
 
Elles nous viennent de la Bible, un livre écrit dans la nature et avec la nature.
La Bible est  inséparable de la Nature. Elle qui tente d'exprimer l'inexprimable, puise dans la Nature les images, les symboles, le langage  dont elle a besoin pour transmettre son message. Sans la Nature,  ce que nous appelons "la Parole de Dieu" ne serait qu'un squelette de choses abstraites, et l'enseignement de Jésus, ne serait guère plus qu'un fantôme.
 
D'autre part, c'est de la Bible que nous vient une vision plus sombre de la Nature. L'homme a le devoir de la "soumettre" (soumettez-la!),  de la "dominer", de la dompter, de l'harnacher...  La Bible a également réussi, dans sa lutte acharnée contre les idoles (en particulier contre les cultes de la fertilité qui sont si populaires), à incruster dans nos gènes que la Nature n'est pas seulement un miroir de la beauté et de la grandeur de Dieu mais aussi un piège mortel pour les humains, et une source intarissable de péchés....
 
On est pris avec cette dualité... C'est comme ça.
 
11- Ici, je donne un petit exemple d'une lecture "écologique" que je fais de l'évangile, en me référant à  l'épisode évangélique des vendeurs du temple:
 
"Toi, Jésus, tu te fais un fouet et tu chasses les vendeurs, les commerçants, les marchands  du Temple de la Terre. Ils ont déchiré la Terre, l’ont éventrée; ils lui vident les entrailles, la saignent à blanc, empoisonnent ses eaux, son air; ils la déchiquètent, la violent, la mettent en morceaux. Ils profanent  le grand Temple de la Nature, la grande maison de la famille des humains… Tu te fais un fouet et tu les chasses avec leurs bulldozers, leurs insecticides, leurs foreuses, leur cyanure, leur pétrole et leurs dollars sales…" 
 
Pas beau ça?
 
                     
12- Écologie et Mission
 
«Allez dans le monde entier, proclamez l'Évangile à toute la Création» (Marc 16, 15).
 
«Proclamez l'Évangile à toutes les nations», cela se comprend bien, mais «Proclamez l'Évangile à toute la CRÉATION» (Marc 16, 15), cela veut dire quoi au juste?
Je crois que les mots de l'apôtre Paul dans Romains 8, 20-21 nous offrent une bonne piste:  «Jusqu'à ce jour, toute la création gémit en travail d'enfantement. Elle aussi espère être libérée de l'esclavage de la corruption pour entrer dans la liberté de la gloire des enfants de Dieu»
 
Que veut dire cela? Cela veut dire que la création partage avec les humains une même souffrance et une même espérance.
 
La création est dans les chaînes, elle aussi, de même que cette multitude d'humains sans visage, sans nom, sans parole, sans droits et sans nombre...  Comme les pauvres de la Terre, elle est vue bien souvent comme un objet exploitable et jetable: comme eux, tous les jours, elle se fait violer, souiller, et tuer à petit feu.
 
Mais comme tous les "damnés de la Terre", la création aussi aspire à la liberté. Nous qui avons été "sauvés" de nos chaînes (c'est-à-dire rendus libres) par la  Croix et la Résurrection de Jésus, nous qui expérimentons la liberté des enfants de Dieu, nous sommes devenus l'espoir de la Terre elle-même, et nous voulons que notre liberté s'étende jusqu'à elle.
 Puisque nous, les humains, nous sommes issus du «limon de la Terre», il n'est que juste que la Terre, qui fait partie de nous-mêmes, ressuscite elle aussi avec nous et connaisse la gloire des enfants de Dieu, de même que nos corps et tout..  Belle trouvaille!
 
 
Travailler à faire reconnaître les "droits" de la Terre, panser les plaies de la Terre, la guérir, contribuer à l'arracher à nos appétits de domination, de destruction et de mort, c'est la faire participer au salut, (c'est-à-dire à la libération, si on peut dire).
 
PENSER ET AGIR AINSI, CE N'EST PAS RETOURNER EN ARRIÈRE,  MAIS, AU CONTRAIRE, C'EST GRANDIR EN HUMANITÉ ET ALLER DE L'AVANT VERS CE QUE LA FOI APPELLE LE SALUT.
 
«Proclamer l'Évangile à la création», ça doit être quelque chose comme ça...
 
 
***Ajouter à cela un petit chapitre sur mon amour de la photographie et tout ce qu'elle m'apporte... Voir article Mon troisième œil:
http://todoelmundovaalcielofrancaisarticles.blogspot.com/2011/09/mon-troisieme-oeil.html
 
 Un autre article très écolo: Terre:
http://todoelmundovaalcielofrancais.blogspot.com/2012/11/terre.html
 
Soy de Tierra:
http://todoelmundovaalcielo.blogspot.com/2012/11/tierra.html
 
 
 
                                                     Eloy Roy, 22 mars - 10 mai 2019