Vivre l’Avent dans le silence

Elsa Lidia Izaguirre

Peut-être cherches-tu dans les branches
ce qui n’apparaît qu’aux racines.

Rumi


Nous avons grandi immergés dans des sociétés liquides, habitués à un mouvement constant, qu’il soit physique, mental, visuel ou auditif. Ce rythme effréné nous façonne en personnes moins authentiques, vivant en surface de la vie. Pourtant, au plus profond de nous, nous ressentons un désir de moments de solitude et de quiétude... de faire une pause.


Paradoxalement, dès que nous y parvenons, il ne faut que quelques minutes avant de reprendre le téléphone ou de nous laisser happer par un flot de pensées. Notre cœur et notre esprit peinent à trouver la sérénité, car le mouvement nous permet de fuir ce que nous refusons d’accepter en nous-mêmes et qui surgit dans le silence.


Pour entrer dans cette expérience, il est nécessaire de rester immobile... oui, immobile. Cette tâche difficile de ne pas être “productifs” pendant un instant et d’affronter avec humilité le chaos intérieur qui surgit. Ce n’est qu’ainsi que la paix s’installe. Celui qui n’est pas en contact avec lui-même sera conditionné par ce qui est extérieur. Alors, cela vaut la peine de se poser la question : est-ce que je favorise des espaces de silence et de quiétude dans ma vie? Comment je me sens lorsque je suis en silence?


L’Avent est un temps privilégié de silence et de préparation à la naissance de Jésus. Pour cultiver des espaces de silence en cette période, nous pouvons nous inspirer de quelques exemples.


Le premier est celui du désert, ce lieu de sobriété qui nous permet de prendre conscience de l’incertitude de la vie que nous ne maîtrisons pas. Saint Jean-Baptiste a commencé sa mission au bord du Jourdain après avoir vécu l’expérience du désert. L’Avent nous invite à réfléchir sur le poids des excès qui rendent notre chemin fatigant. La sobriété et le silence nous ralentissent pour nous recentrer sur l’essentiel. En nous libérant du superflu, nous découvrons une joie profonde qui jaillit en nous.


Observons saint Joseph et la Vierge Marie. Ils nous donnent une leçon dans l’art de dire peu et de faire beaucoup. Ils nous enseignent que le silence n’est pas seulement l’absence de distractions, mais aussi la contemplation de l’œuvre de Dieu dans notre vie. Marie a accompagné Jésus à chaque étape, gardant fidèlement dans son cœur tous ces souvenirs (Lc 2, 5). Être présent pour l’autre, comme deux amis qui marchent ensemble sans parler, ou une personne qui accompagne un malade, démontre que l’amour et le silence sont liés.


L’Avent nous invite également à être et à vraiment nous rendre présents dans la vie des autres, sans céder à la tentation de nous diluer dans le tumulte futile qui nous entoure. T’es-tu demandé : comment et pour qui dépenses-tu ta vie?


Enfin, le Livre de la Sagesse nous rappelle que Dieu naît dans le silence : “Quand un silence paisible enveloppait toutes choses et que la nuit était au milieu de sa course, ta Parole toute-puissante est descendue du trône royal” (Sg 18, 14). C’est dans ce silence que se produit la rencontre la plus profonde entre Dieu et l’homme. Cette naissance nous remplit d’espérance, de joie et de force pour une vie nouvelle.


Le silence, bien plus que l’absence de bruit, est un lieu de rencontre qui nous arrête, nous ordonne, nous restaure et nous crée. Il nous ramène à l’essentiel. À l’exemple de saint Joseph et de la Vierge Marie, préparons-nous à recevoir Dieu qui désire naître dans notre vie.