HOMÉLIE
MGR MARTIN LALIBERTÉ, P.M.É.

103e anniversaire de fondation

Société des Missions-Étrangères
2 février 2024


Chers confrères, chers amis,


Aujourd’hui nous célébrons le 103e anniversaire de fondation de la Société. C’est aussi en église la fête de la Présentation de Jésus au Temple et la fête de la Vie consacrée.
De plus, plusieurs ne le savent peut-être pas, mais c’est en février 2024, plus précisément le 27 février 1924, il y a 100 ans, que la Société a emménagé ici, dans le Séminaire Saint-François Xavier à Pont-Viau.


Voici ce qu’écrivait Clovis Rondeau à cette occasion et je cite :
« C’est le 27 suivant que les prêtres de la Société quittent l’ancien presbytère de St-Viateur d’Outremont qu’ils occupaient depuis deux ans et quatre mois pour prendre possession du nouveau Séminaire Saint François-Xavier, au Pont-Viau.
« À deux heures, les voitures, les meubles de la petite communauté quittent Outremont. Chacun dit adieu au no. 300, avenue Outremont, qui a abrité les débuts de la Société des Missions-Étrangères. M. le Supérieur va remettre les clefs au R.P. Provincial des C.S.V. et le remercie de tout cœur d’avoir prêté si généreusement cet immeuble. …
« À huit heures tout le ménage était rendu dans le nouveau Séminaire… MM. Roch, Lapierre, Geoffroy et Vaillancourt se choisissent des chambres et y font une installation un peu à la hâte, mais suffisante pour pouvoir dire que chacun a « un chez soi »…


Aujourd’hui nous avons donc un beau « melting pot » de raisons de célébrer.
Mais, pour reprendre des termes d’actualité, ce « melting pot » est-il de la multiculturalité ou de l’interculturalité? Est-il une simple juxtaposition de raisons de fêter mises une à côté de l’autre ou bien pouvons-nous y trouver de l’intégration, de l’harmonie, de l’unité?
Les textes de la Parole de Dieu proposés peuvent nous guider afin de trouver cet élément unificateur, un fil conducteur qui rattache ensemble tous ces éléments.
Le texte de l’Évangile où Jésus est présenté au temple met en scène différents personnages, dont deux qui retiennent notre attention: Syméon et Anne.
Syméon dont on dit qu’il était un homme juste et religieux qui attendait la Consolation d’Israël. L’Esprit saint était sur lui et il avait reçu de l’Esprit saint l’annonce qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur. Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.


Les paroles prononcées par Syméon au moment de la rencontre avec Jésus-enfant, sont priées chaque soir aux complies :
« Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »
Le texte nous présente aussi la figure d’Anne, une femme prophète très avancée en âge qui ne s’éloignait pas du Temple, et qui servait Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière. On dit qu’elle parlait de l’enfant, de Jésus, à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
Donc nous avons ici deux personnes qui avaient le cœur tout ouvert à accueillir la révélation de Dieu en Jésus. Deux personnes pour qui la vie prenait son sens dans l’attente de l’accomplissement de la libération promise par Dieu à son Peuple. Et pas seulement à son Peuple de la première Alliance, mais à toutes les nations.
Ils attendent la réalisation de cette promesse, ils reconnaissent en Jésus celui qui accomplit cette promesse et ils en deviennent des témoins.


Voilà notre fil conducteur en trois parties ou trois mouvements:
1)    Être en état d’attente et d’accueil, c.-à-d. avoir faim et soif de Dieu et de son projet de libération.
 
2)    Reconnaître en Jésus celui qui vient réaliser ou accomplir le projet de Dieu.
 
3)    Devenir des témoins de Jésus et participants de la construction du Royaume du Père qu’il est venu inaugurer.
 
Dans tout ce que nous célébrons aujourd’hui nous rencontrons ces trois éléments :
Nous fêtons la Présentation de Jésus au Temple où il est attendu par Syméon et Anne. Ils accueillent par l’action de l’Esprit cet enfant et en lui ils reconnaissent celui qui vient accomplir la promesse de libération, celui qui devient lumière pour les nations. Ils deviennent des témoins de Dieu à l’œuvre dans cet enfant.
Nous fêtons la Vie consacrée. Les personnes qui consacrent leur vie au seigneur sont aussi des hommes et des femmes dont la vie est fondée sur cette soif de voir s’accomplir le projet de Dieu pour l’humanité, l’avènement de son Royaume. Elles reconnaissent en Jésus l’envoyé du Père, Fils de Dieu parmi nous. Sur l’accueil et la reconnaissance de ce don de Dieu, elles fondent leur vie. Finalement, leur vie même devient un témoignage de ce Royaume. Les personnes consacrées font de leur vie un témoignage que ce Royaume est déjà présent au milieu de nous.


Nous fêtons le 103e anniversaire de fondation de notre Société missionnaire et l’installation dans ce Séminaire de Pont-Viau il y a 100 ans ce mois-ci.
Bien que les choses aient bien changé depuis toutes ces années, je crois que ce qui a animé c.-à-d. ce qui a donné du souffle selon la racine du mot à tous ces hommes prêtres canadiens français d’abord auxquels se sont joints au fil du temps des laïcs hommes et femmes ainsi que des prêtres venant d’autres pays est aussi ce même fil conducteur en trois parties.


Notre Société est formée depuis le début de personnes qui avaient soif, qui avaient faim de voir se réaliser le projet de Dieu, de voir advenir son Royaume, des hommes et des femmes qui ont faim de justice, de paix et de fraternité.
Elle est formée d’hommes et de femmes qui ont reconnu en Jésus celui qui venait donner sens à leur vie, celui qui venait rendre présent parmi nous ce projet de Vie du Père. Celui qui venait nous libérer de toutes nos chaînes pour nous donner la vie.
Ils ont intégré dans leur vie ce que nous disait Lettre aux Hébreux dont nous avons proclamé un passage il y a quelques instants:
« Puisque les enfants des hommes ont en commun le sang et la chair, Jésus a partagé, lui aussi, pareille condition : ainsi, par sa mort, il a pu réduire à l’impuissance celui qui possédait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et il a rendu libres tous ceux qui, par crainte de la mort, passaient toute leur vie dans une situation d’esclaves. »


Et parce qu’ils ont eu faim et soif de Dieu, parce qu’ils ont reconnu en Jésus l’envoyé du Père, ils sont devenus des témoins, des collaborateurs de Dieu dans la construction de son Royaume. Ils ont consacré leur vie pour aller aux quatre coins du monde afin que le cœur des hommes et des femmes qui ont faim et soif de Dieu et de son projet libérateur puisse découvrir en Jésus celui qui étanche leur soif et rassasie leur faim et qu’ils deviennent à leur tour des témoins, des disciples, des artisans du Royaume.


En cette fête de la présentation de Jésus au temple, en cette fête de la vie consacrée, en ce double anniversaire pour notre Société, demandons au Seigneur la grâce, peu importe notre âge, d’avoir toujours le désir de voir s’accomplir sa promesse de vie pour l’humanité. Demandons-lui la grâce de le reconnaître présent et agissant en nos vies et, finalement, demandons-lui la grâce de persévérer dans notre engagement à sa suite comme disciples, missionnaires, témoins de son amour et de sa vie, collaborateurs dans la construction de son Royaume.


Chers frères et sœurs, bonne fête!
Amen!